JO de Tokyo : un Japonais ambassadeur du fromage Abondance
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Publié le 21 juil. 2021 à 13:12
Moins connu que le Beaufort ou le Comté, le fromage Abondance veut profiter des Jeux Olympiques pour se mettre sous les projecteurs. Pour cela, son syndicat interprofessionnel met en avant le meilleur ambassadeur qui soit, le fromager japonais Miti Yamaguchi.
Né à Tokyo, il y a 45 ans, ce dernier s’exerce depuis 2002 à l’étude puis à la fabrication de fromages en France. « J’adore les vaches laitières », confie ce passionné qui a passé 4 années à l’Université de Tokyo où il a étudié la littérature du Moyen Age.
Salarié depuis trois ans du Gaec Le noisetier, à Leschaux (Haute-Savoie), il se lève tous les matins à 4h et regarde les étoiles « C’est le paradis » dit-il dans un français parfait. Il se montre intarissable sur les mérites de l’Abondance, qu’il fabrique, et s’extasie de son « goût de noisette ». « Le fromage est un produit de grand luxe au Japon » rappelle-t-il.
Fabrication artisanale
Issu de la transformation de laits crus de vache, ce fromage à pâte pressée cuite correspond à une race de vache l’Abondance, et à une vallée, celle d’Abondance, ainsi que des montagnes des Aravis, des Bauges et du Mont-Blanc. Assurée par seulement 163 producteurs de lait, 74 producteurs fermiers et 16 fromagers, sa fabrication demeure artisanale. En 2020, 3.498 tonnes ont été produites pour un chiffre d’affaires de 34 millions d’euros.
Appellation d’origine Contrôlée (AOC) depuis 1990, puis en AOP (Appellation d’Origine Protégée), ce fromage aurait pu disparaître. En 1991, sa production n’était plus que de 350 tonnes. Désormais, la demande dépasserait même sa production qui ne peut que croître lentement en raison des exigences de qualité de l’AOP.
Très actif, le Syndicat interprofessionnel du fromage Abondance fait feu de tout bois a réussi, en 2020, à faire reconnaître un plat à base d’Abondance, le Berthoud, en Spécialité traditionnelle garantie (STG) par la Commission européenne. Et à l’occasion des JO, a été concoctée une recette spécial Japon, à base de riz, les makis d’Abondance…
JO Tokyo 2021 : « Les Américains ne voulaient pas de moi », l’histoire derrière la médaille d’or de Romain Cannone
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De notre envoyé spécial à Tokyo,
Qu’on lui donne les clés de la ville et la chambre de l’empereur. Romain Cannone, rattrapé par le col au dernier moment pour monter dans l’avion, est le premier champion olympique tricolore de la quinzaine. « Pano », comme disent les copains, qui ne l’ont pas lâché de la journée malgré leurs déceptions personnelles. Yannick Borel, pas le moins bruyant, avait tout vu avant la demie : « Vu comment il tire aujourd’hui, il est capable de nous faire une Brice Guyart et de ramener le titre ».
Faire une Brice Guyart ? Sortir de nulle part pour étripailler la concurrence le jour béni. Un peu croyant sur les bords, Romain avait imaginé sa canonisation la veille lors d’une dernière prière : « Tout au long de la journée j’ai été très reconnaissant parce que je crois qu’on m’a écouté ». Et pas qu’un peu : les numéros 1,2 et 3 mondiaux à la benne. Pierre Guichaud, chef des équipes de France, en reste coi : « Je ne sais même pas s’il a été derrière une fois au score. Il a survolé la journée ».
« J’ai pris un plaisir incomparable »
Allez, on a compté une touche de retard au milieu de la finale contre le Hongrois. Effacée avant qu’on ait le temps d’y penser. « Je ne me suis pas dit que rien ne pouvait m’arriver, mais c’est vrai que c’était facile de faire mon escrime, de tendre les pièges, de jouer avec l’autre », explique le jeune homme de 24 ans, bon joueur d’échec dans le civil. « J’ai pris un plaisir incomparable, je n’arrivais même pas à rester assis, parce que j’étais prêt à refaire un match. C’est bizarre à dire, j’étais prêt, je me disais " Qui est le prochain ? “. Je passais vraiment un bon moment, je ne voyais pas le temps filer ». Pas mal pour un type qui faisait le nombre à l’entraînement au début de la saison, avant de profiter de la suspension de Daniel Jérent pour intégrer le tableau individuel.
Les Américains peuvent avoir les glandes : Cannone a commencé l’escrime là-bas à 12 ans, emmené dans ses valises par des parents voyageurs. D’abord le Brésil, puis New-York, pour bosser dans le macaron. Trois boutiques aujourd’hui entre Brooklyn et Manhattan, et un bientôt une nouvelle gamme de biscuit couleur or olympique. Formé à l’école ukrainienne par Micha Mokretsov, le garçon au gabarit atypique montre rapidement son potentiel. Mais pas assez pour avoir la carte verte.
« Les Américains ne voulaient pas de moi. Je me suis dit " Ok, je retourne en France, je vais vous prouver que je vaux quelque chose “. Mais quoi exactement ? Ronan Gustin, copain de chambrée : « Il a été formé à faire une escrime de coups, fallait faire celui-là et pas un autre. Chez nous, il a dû apprendre que ça se construit ».
L’escrime champagne
Dimanche, Gustin et les autres passent leur temps à lui rappeler : « Pars pas en milieu de piste, active, active, remets du rythme ». Rire de Cannone : « Ils savent que je vais faire des saucisses [des coups sans queue ni tête] alors ils sont là pour me rappeler à l’ordre ». Gustin lui colle même une trempe à l’échauffement avant sa demi-finale, histoire de remettre sur terre, si besoin. « Quand il est arrivé, on l’a tout de suite appelé " Pano “, pour Peter Pan, parce que Romain, c’est un grand enfant. Il était très naïf, il marchait à toutes nos blagues ».
Depuis, il a pris de la maturité, dans le groupe comme dans son escrime. Commentaire bien senti de Brice Guyart à l’antenne : « J’ai sorti naturellement cannonissime parce que ça fait tellement plaisir à voir de l’escrime comme ça, ce mélange entre l’instinct, et la vista, et en même temps un schéma tactique qui est décidé avant. Il est capable de toucher au pied puis celle d’après d’aller en haut, c’est assez déroutant pour un adversaire. C’est vraiment de l’escrime champagne ».
Et là, croyez moi ou non, il se trouve que Romain Cannone est ambassadeur d’une marque de champagne. La maison Gardet, qui l’a accueilli en alternance en 2017-2018 quand le futur champion olympique est rentré en France pour intégrer le Creps de Reims. Christophe Grieux a allumé la télé en vitesse quand le fumet de l’exploit est arrivé jusqu’à lui.
« On l’avait mis à la section commerciale à l’export, pour ses connexions aux Etats-Unis ». Alors ? « un garçon sérieux, assidu, avec des dossiers super bien bossés, très correct ». Et surtout très calme. « Quand je le vois à la télé, il y a un dédoublement de personnalité, plaisante le directeur d’entreprise. Chez nous, il n’avait rien de l’exubérance qu’on peut attendre d’un commercial, alors que sur la piste, il explose ».
Une équipe transcendée ?
Un cri bestial, même, avant que Borel et compagnie ne viennent le porter en triomphe sur la piste du Makuhari Messe Hall de Tokyo. Pour l’arroser au champagne un peu plus tard au village, c’est aussi jouable. La Maison Gardet fournit un petit caviste de qualité à Tokyo, Liquor Mountain pour les intimes. Cannone se marre : « vous avez bien fait vos devoirs. J’irai peut-être en prendre une ou deux ». Fais-toi plaisir Romain, il y a le temps de décuver avant la compétition par équipes.
JO de Tokyo 2021 : le sabreur Aron Szilagyi dans l’histoire avec trois titres olympiques d’affilée
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Le sabreur hongrois Aron Szilagyi, 31 ans, est devenu, samedi à Tokyo, le premier escrimeur masculin dans l’histoire à aligner trois titres olympiques consécutifs individuels. MOHD RASFAN / AFP
Valentina Vezzali se sentait certainement seule. Dans l’histoire, la fleurettiste italienne était l’unique escrimeuse à avoir accompli l’exploit d’enchaîner trois titres olympiques (Sydney 2000, Athènes 2004 et Pékin 2008). Mais une légende du sabre hongrois voulait aussi sa place dans le livre des records pour la postérité. Double tenant du titre olympique, Aron Szilagyi visait un triplé inédit dans l’histoire du sabre hommes.
En finale au Makuhari Messe Hall de Chiba, pour l’ouverture du tournoi d’escrime des Jeux olympiques de Tokyo, Szilagyi a facilement dominé l’Italien Luigi Samele 15 touches à 7 pour s’adjuger la troisième médaille d’or olympique de sa carrière après Londres 2012 et Rio 2016.
Le Hongrois est revenu sur son parcours pour décrocher l’or : « Je ne peux pas décrire ce que je ressens, mais je suis totalement submergé, a-t-il déclaré après son duel. La demi-finale a été très difficile pour moi, mon adversaire était excellent. J’ai dû vraiment bien me concentrer pour l’emporter. En finale, je suis arrivé dans la meilleure forme possible. J’étais dominant et tout fonctionnait à merveille. Je dédie cette victoire à deux personnes. Mon premier entraîneur, qui m’a tout appris, et ma femme, qui se trouve la maison en ce moment. »
L’école hongroise encore à l’honneur
Cet exploit de Szilagyi constitue une consécration de plus pour l’école hongroise d’escrime, dont l’excellence est une constante depuis des décennies, au point d’avoir vu son double champion olympique (1968 et 1972) à l’épée, Pal Schmitt, devenir… président de la République en 2010.
A Rio, déjà, Szilagyi avait égalé le Français Jean-François Lamour, double champion olympique en 1984 et 1988, devenant le cinquième sabreur de l’histoire à réussir le doublé olympique en individuel, et le troisième Hongrois après Jenö Fuchs (1908 et 1912) et Rudolf Karpati (1956 et 1960). Les Magyars ont remporté 14 des 28 médailles d’or dans cette discipline. Aucun autre pays ne l’a emporté plus de trois fois, cela situe la mainmise de la Hongrie sur la discipline.
Natif de Budapest, Szilagyi, droitier au physique altier (1,80 m, 79 kg) est aussi réputé dans son pays pour être l’un des sportifs parmi les plus brillants – il a notamment récolté plusieurs prix en mathématiques – et les plus modestes : il participe ainsi souvent comme ambassadeur de bonne volonté à des séances de thérapie canine offertes aux enfants souffrant d’autisme et/ou de syndrome Down.
Porte-drapeau à Rio en 2016
Talent précoce – il a commencé l’escrime à 9 ans au club de Vasas –, il est repéré très jeune et intègre en 2007, alors qu’il n’est encore que cadet, l’équipe hongroise senior avec laquelle il remporte, aux Championnats du monde de Saint-Pétersbourg, la médaille d’or par équipes au sabre, en battant la France 45-43, une première pour son pays depuis 1998. Sa progression est ensuite constante : en 2009, il remporte le bronze aux Mondiaux à Antalya et, en 2013, il termine troisième en individuel aux Championnats d’Europe à Sheffield.
Diplômé en relations internationales, il a été porte-drapeau de la Hongrie à Rio 2016, avant d’être élu en 2017 président de la commission des athlètes à la Fédération internationale. Paradoxalement, il n’a jamais été champion du monde. La dernière breloque qui manque à son incroyable palmarès.
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